Santé financière : débusquer les signaux faibles.

Dans un monde incertain où tout s’accélère, extrapoler la santé financière d’une entreprise sur la base de ses bilans passés ne suffit plus. L’approche prédictive classique peut certes donner des gages de robustesse, mais demande à être complétée par une veille plus immédiate.

En plus d’être changeants, nos référentiels économiques sont illisibles et distordus. Nous nous accoutumons aux anomalies de marché de ces dernières années, qui s’accumulent dans une certaine torpeur : taux négatifs, sur-abondance de liquidités, aberrations de l’offre et de la demande, boucliers tarifaires, protectionnisme de circonstance, mesures de sauvegarde, soutiens conjoncturels. Quand le thermomètre est cassé, la fièvre passe inaperçue.

Pour autant, l’information n’a jamais été aussi abondante. Sur-abondante, même, à tel point que le recours aux filtres de veille automatisés et aux intelligences artificielles devient incontournable pour digérer toute l’information ouverte disponible.

Entre information ouverte et fermée, l’information grise

Sans aller jusqu’à soutirer l’information fermée (terrain de jeu glissant à réserver aux officines spécialisées), une saine gestion du risque fournisseur exploite l’information grise. C’est là que se nichent les signes précurseurs qui permettront de réagir les premiers au prochain soubresaut de notre chaîne d’approvisionnement.

Derrière la vitrine de communication financière soigneusement travaillée pour rassurer investisseurs, banquiers et partenaires commerciaux, c’est donc à nous de déceler les indices d’une trésorerie qui s’essouffle, d’une trop forte dépendance économique, d’une fragilité capitalistique ou d’un fiasco industriel par exemple.

Les 3 types de signaux faibles

Ces signaux faibles sont principalement de trois types :
• Un changement d’interlocuteur, de posture ou de comportement, pas toujours faciles à distinguer de l’innovation ou d’une salutaire remise en question.
• Une dissonance entre les actes et les mots : une attitude déconcertante, un hiatus dans la relation doivent nous alarmer. Encore faut-il bien connaître la partition pour y repérer les fausses notes…
• Plus inquiétant encore, un silence incongru, signe criant d’une volonté de dissimuler. C’est animal : quand la forêt se tait, c’est que le danger est proche.

Pas un affût : une chasse active !

La caractéristique principale de l’information grise est qu’elle est essentiellement réactive. Elle se dévoile en réponse à une provocation, une stimulation. C’est par une communication active que l’on pourra le mieux la faire émerger. Nous ne serions pas les premiers à prêcher le faux pour savoir le vrai…

C’est enfin et surtout dans les échanges directs et physiques que l’on perçoit le plus finement ces subtilités. Il est grand temps de mettre de côté les filtres aseptisants du distanciel !

 
Ce contenu a été publié dans Chronique, Finance, Intelligence émotionnelle, Risk management, Soft skills, Systèmes d'information, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Santé financière : débusquer les signaux faibles.

  1. Ping : Revue de presse achats – Juin 2022 | Le blog des professionnels des achats

Laisser un commentaire