Innovation de rupture : mais où est-donc passé le Progrès ?

Dans un monde où l’innovation n’en finit plus d’accélérer, le rouleau compresseur de la destruction créatrice semble s’emballer. Cette dynamique inarrêtable n’a rien de nouveau, mais elle a changé de nom : il n’y a pas si longtemps encore, on appelait ça “le Progrès”. Pour conjurer le monstre, on lui a retiré sa majuscule avant de le passer sous silence, l’effacer de notre vocabulaire. C’est un fait : le progrès a presque totalement disparu de notre univers mental, au profit de l’innovation. Ne serait-il pas temps de le réhabiliter ?

La capacité à se réinventer est plus que jamais vitale pour l’entreprise, et cela se joue en grande partie chez nos fournisseurs. Si progresser et innover sont deux facettes d’une même réalité, les mots ont leur importance et la manière de considérer cette dynamique change tout.

• Progresser, c’est changer… progressivement. C’est s’inscrire dans la continuité, ce qui rend la marche plus facile à franchir. Comme pour un castor grignotant patiemment copeau après copeau, rien n’est a priori insurmontable vu sous cet angle. Progresser, c’est partir de ce que l’on a.
• Progresser, c’est avancer délibérément vers un but identifié. En revanche, innover s’apparente davantage à un saut dans l’inconnu. Avez-vous remarqué à quel point innover suscite le besoin de management des risques ? Et à quel point ce management des risques est complexe et déroutant ? Les efforts à produire et les risques que l’on est prêt à prendre sont bien plus facilement quantifiables quand on s’est fixé un but. S’il s’agit de sauver quelqu’un de la noyade, le risque de se jeter à l’eau devient une option proportionnée. Progresser, c’est penser en perte acceptable.
• Innover, c’est choisir de faire voler en éclat le passé. Quelles sont les chances de parvenir à reconstituer un nouveau puzzle avec les morceaux ? Ne vaut-il pas mieux un moule à remplir, une ambition dans laquelle pourront se couler les énergies de ceux qui sont prêts à se mettre en mouvement ? Progresser, c’est mobiliser et agglomérer les bonnes volontés en un patchwork.
• Innover, c’est bousculer. Ajouter de l’agitation et contribuer à accroître “l’entropie chrono-dispersive” chère à Étienne Klein. Épuisant ! Est-ce cela l’agilité que nos dirigeants réclament ? A contrario, se mettre en chemin implique de se préparer à rencontrer des imprévus. Progresser, c’est tirer parti des surprises.
• Progresser, enfin, ce n’est pas courir dans tous les sens comme un canard sans tête. C’est persévérer pour tenter d’impacter durablement notre environnement. C’est contribuer à faire bouger dans le monde en donnant du sens à son avenir. Progresser, c’est s’installer comme pilote dans l’avion.

Alors oui, les mots ne sont pas neutres ! Appréhender l’avenir sous l’angle du progrès, c’est ouvrir la voie aux cinq principes de l’effectuation. La recette des entrepreneurs pragmatiques, résilients et câblés pour se lancer avec confiance dans l’avenir.

 
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