L’alpha et l’omega de l’engagement

La question du leadership se focalise généralement sur la tête, l’alpha inspirante et visionnaire que l’on adorerait avoir. Doux rêve… Combien se morfondent à trop attendre ce prince charmant, puis se consument dans la désillusion et l’amertume ?

Plus grave encore, cette attente d’un homme providentiel ne manque pas de paver la voie aux tyrans, pervers narcissiques et autres candidats à l’abus de pouvoir.

L’autre inconvénient tout aussi épineux de se focaliser sur le chef, c’est de lui attribuer trop hativement les mérites des succès comme les blâmes des échecs. Qui joue le mach : le coach ou l’équipe ? Sans compter que le charisme reste une denrée rare… Il me semble que la vraie question en matière de leadership n’est pas celle de la tête, mais plutôt de l’engagement que l’on en attend.

L’engagement est par défaut celui du mercenaire, poussé par la faim. On le mène à coups de carotte et de bâton tout en sachant bien qu’il ne manquera pas de se vendre à un autre à la première occasion. Cette forme d’exercice de l’autorité reste largement pratiquée : c’est la base ! Cependant, si elle a fait la preuve de son efficacité dans un contexte d’obédience, c’est désormais plutôt l’insoumission qui est dans l’air du temps. C’est pourquoi nous cherchons aujourd’hui à dépasser ce mode de relations, tant vis-à-vis de nos collaborateurs que de nos fournisseurs.

Deux exemples d’engagement m’ont récemment interpelé. D’une part, celui des bénévoles de la Fête des Vignerons. Les préparatifs entrent dans leur phase finale, et il est édifiant de prendre la mesure de l’implication de chacun. Pas de rémunération ici (au contraire, il faut même financer soi-même son costume), ni de gourou charismatique, et pourtant chacun donne de son temps sans compter, au-delà du raisonnable. Que ne ferait-on pas pour en être ! L’appartenance à un projet d’exception mobilise en donnant du sens à l’action.

D’autre part, dans le monde professionnel, je ne compte plus les femmes qui m’impressionnent par un niveau d’engagement (et de performance) largement supérieur à celui de leurs homologues masculins, en dépit d’une rémunération trop souvent inférieure… Cette fois, la motivation est intrinsèque : rage de démontrer sa compétence, besoin de (se) prouver, plaisir de relever les défis. Là encore, l’engagement requiert-il un mâle nécessaire ?

Maintenant, reste à transposer cela à l’engagement de nos fournisseurs. Continuerons-nous à nous attribuer les mérites de leurs efforts (savings et innovation) ? Ne gagnerait-on pas à davantage cloisonner les rôles pour isoler le rapport marchand ? Combien d’acheteurs se voient reprocher d’éteindre la générosité, le plaisir et l’enthousiasme des opérationnels ? De les transformer en rentiers frustrés et impatients de servir un autre maître ?

 
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