Une souris verte

« Les Achats verts ? C’est comme la souris verte :

1. Tout le monde connaît la chanson* ;
2. Il est assez facile de s’en faire une idée ;
3. Mais qui pourrait croire sérieusement que ça existe ? »

Triste constat désabusé…
En fait, bien sûr que ça existe, mais seulement pluriel. Affirmer que tel achat est vert et pas tel autre n’a effectivement pas de sens : à ma connaissance, il n’y a aucun référentiel absolu. De même que dépenser mieux implique de dépenser, polluer moins sous-entend une pollution et acheter « responsable » de reconnaître le chemin à parcourir. C’est d’ailleurs pourquoi il est si facile de s’approprier le concept et de revendiquer la démarche.

Tout comme de la dévoyer… Qui reconnaîtrez-vous dans les monstruosités de la palette qui suit ?

• Le Vert en apparence, mais plutôt « souris » au fond : une « danseuse » que l’entreprise peut se permettre d’entretenir pour soigner son image. Seulement, à trop se maquiller, l’entreprise risque de ressembler à un Géant Vert nourri au maïs transgénique.

• Le Vert mal compris, simplifié jusqu’à la caricature. Comme Walt Disney qui a transformé le vair de la pantoufle de Cendrillon en verre, plus commode à représenter mais vidé de son sens. Ce n’est plus alors qu’un badigeon pour se donner bonne conscience.

• Pire encore : le Vert contre nature, comme pour une tomate pas encore mûre. Mené à contretemps, l’exercice est dangereux. L’entreprise qui s’entête dans une exemplarité coûteuse en parts de marchés peut même menacer sa survie. J’en veux pour preuve que lorsque le gros temps arrive, le sujet est vite remisé aux oubliettes.

• Le Vert de rage enfin, des acheteurs frustrés par une ambition qui se heurte à l’impuissance, voire à l’hypocrisie.

Restent les vertueux, pour qui Achats Verts signifie verdir les achats. Comme pour la qualité, « le but n’est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit ». Plus qu’une performance absolue, c’est la dynamique qui compte ici pour mener les achats vers un avenir plus durable. Beau projet !

* et elle reste dans la tête. Désolé…