Réservation hôtelière en ligne : tous alignés ?

Blog achats, par des acheteurs, pour les acheteurs professionnelsLe 2 juillet dernier, l’Union des Métiers et des Industriels de l’Hôtellerie (UMIH) a saisi l’Autorité de la Concurrence française contre les sites de réservation en ligne (OTA : Online Travel Agency). Le différent porte principalement sur les clauses dites “de parité” : parité tarifaire et parité de disponibilité. En Suisse, la commission de la concurrence (Comco) a ouvert une enquête sur ces mêmes pratiques en décembre 2012. De quoi s’agit-il ?

En position de force dans la contractualisation de leurs services avec les hôteliers, les OTA ont pris l’habitude d’inclure systématiquement une clause de type “Client le plus favorisé”, qui oblige l’hôtelier de proposer ses conditions les plus favorables (prix et disponibilité) aux utilisateurs de l’OTA. Ces derniers, les consommateurs, sont donc en principe gagnants.

Le problème vient de la généralisation de la pratique. Il devient alors impossible pour l’hôtelier de faire une meilleure offre à un client qui le contacterait en direct par exemple, ou à une autre OTA. Conséquences :

  • Les différentes plates-formes de réservation en ligne finissent par proposer les mêmes conditions.
  • Les hôteliers vendent moins en direct, car le consommateur n’y trouve aucun bénéfice.
  • Le client paie finalement plus, car l’hôtel doit payer une commission substantielle (de l’ordre de 15 à 20 %) à l’OTA.

Au bout du compte, une disposition contractuelle censée permettre le jeu de la concurrence – et donc bénéficier au consommateur – finit par produire l’effet inverse. On retrouve ici le schéma classique des marges arrières de la grande distribution, et les mêmes effets pervers de la clause du client le plus favorisé. C’est pourquoi la LME a interdit ce type de clauses dites “à l’anglaise”. (Les OTA ont contourné la LME : le consommateur reste dans tous les cas client de l’hôtel, jamais de l’OTA qui est un prestataire de service de l’hôtelier.)

Ceci dit, on peut soupçonner l’UMIH de surtout vouloir rééquilibrer le rapport de force avec les OTA pour restaurer leurs marges. Au nom de la concurrence…

 
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