Entre un choc pétrolier que ne veut pas dire son nom, des chaînes logistiques malmenées et les brusques revirements de la demande, certains prix s’affolent au-delà de toute rationalité. Si l’on cherche une explication logique, la plupart des hausses de prix que nous constatons actuellement résulte davantage d’un engorgement de l’approvisionnement que d’un manque de ressources.
Pour les hydrocarbures, par exemple, la hausse des prix du gaz, du pétrole et du charbon ne signifie aucunement que les champs gaziers sont épuisés, que nous avons atteint le redouté “peak oil” et que le charbon vient à manquer. Au contraire ! Les réserves sont pléthoriques, les coûts d’extraction restent sensiblement les mêmes, et pourtant les prix s’envolent à des niveaux encore inimaginables il y a peu. Au fond, les prix actuels reflètent plus l’inversion conjoncturelle du rapport de force qu’une réelle inquiétude sur la disponibilité des ressources à long terme. A l’instar du choc pétrolier de 2008, ces variations erratiques sont surtout le fait de la spéculation.
Tout aussi symptomatique est le transport des conteneurs. S’il y a bien une part de surcoût liée à la saturation de quelques goulets névralgiques, la hausse des prix qui en résulte est totalement disproportionnée. La surchauffe tarifaire est alimentée par l’effet d’aubaine et amplifiée par sa concentration sur les quantités marginales négociées à court terme. Les profiteurs de ces temps de disette mangent leur pain blanc…
Plus largement encore, et malgré les complaintes omniprésentes de pénurie, l’industrie mondiale dans son ensemble n’est pas à proprement parler en surchauffe. Son taux d’utilisation reste à des niveaux tout à fait classiques, avec une capacité résiduelle disponible rassurante. Là encore, les turbulences et la loupe médiatique ne doivent pas faire oublier que ces déséquilibres, bien réels, sont temporaires et voués à se résorber.
Certes, à court terme, les acheteurs que nous sommes encaissent de rudes assauts. Nos maisons s’arqueboutent pour contenir la pression à la hausse. Et il faut croire que la somme de nos efforts paie : au bout du compte, l’impact sur les prix à la consommation reste relativement maîtrisé.
Au-delà des apparences, tout porte à croire que l’inflation actuelle n’est que de façade. J’en veux pour preuve l’extrême prudence des banques centrales, frileuses à la contrecarrer malgré des chiffres bien au-delà des seuils d’intervention orthodoxes. En filigrane continue de transparaître une tendance de fond indéboulonnable : les prix ont vocation à baisser, ne serait-ce que pour refléter l’oeuvre du génie humain. L’innovation continuelle et la dynamique du progrès sont tellement intenses qu’elles ne tarderont pas à reprendre le dessus. La crise de l’abondance, si chère à François-Xavier Oliveau, a encore de beaux jours devant elle !
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