Les achats 4.0 dopés à l’intelligence artificielle restent pour beaucoup une douce utopie, loin s’en faut. La plupart des entreprises vivent plutôt avec une fonction achat coincée dans une adolescence difficile.
Un terrain de jeu magnifique pour de belles missions achats.
L’entreprise professionnalise ses achats quand elle atteint une taille critique : après une période d’insouciance, il devient incontournable de formaliser ses processus. C’est alors littéralement l’enfance de l’art, le temps des tâcherons du bon de commande, des fondamentaux.
Ensuite, avec la croissance s’insinue progressivement une « inquiétante étrangeté », un malaise subconscient face au potentiel inexploité de la fonction. A l’étroit dans un modèle un peu trop formel, on sent qu’il y a quelque chose de plus à vivre, à l’instar du homard de Françoise Dolto voué à muer pour une carapace plus ample.
Comme l’adolescence, cette phase se caractérise par beaucoup d’impatience et de frustration. Qui ne déplore pas le manque de maturité de notre métier ? Combien d’entre nous se heurtent au plafond de verre de la reconnaissance, rêvent d’émancipation et trépignent de pouvoir exercer l’autorité ? N’en jetez plus !
Il me semble cependant que cette frustration est un excellent signal. Ce sont les prémices de la métamorphose, le commencement d’une époque intense, une concentration inégalée d’énergie et de projets : l’âge où l’on se construit un avenir.
C’est l’âge aussi où l’on s’approprie son potentiel et ses talents. Fini le temps où l’on travaille pour les notes ! Pour nos achats, cela correspond à une transition passionnante : dépasser les obligations de résultat pour prendre le pilotage des moyens. Le « Comment faire pour… » (les coûts, la qualité, les délais) deviendra « Que va-t-on faire avec… » (nos fournisseurs, nos équipes). Tout un programme !
Certainement l’apogée d’une carrière d’acheteur.