Xavier Leclercq, mon complice depuis le premier jour, a su rassembler dans ses ouvrages non seulement le savoir-faire nécessaire aux acheteurs, mais aussi la pâte humaine qui constitue la nature profonde des jeux commerciaux.
Au-delà des outils et des méthodes achats les plus perfectionnés, il a identifié dans la relation acheteur-vendeur un jeu érotique intemporel. Je lui laisse la plume :
“Pourquoi un JEU ? Parce qu’on s’y amuse quand ça marche, et que ça ne marche guère quand on ne s’y amuse pas !
Pourquoi EROTIQUE ? Il y a tellement d’analogies entre le jeu de la vente et le jeu amoureux…
- Tous deux sont des relations duales; et même des duels.
- Chacun des protagonistes y « cherche » l’autre.
- Ce sont leurs différences mêmes qui les attirent : l’un désire toujours ce que l’autre a…
- Le face à face acheteur-vendeur ressemble à un combat mais vise à une union : comme un coït !
- Tension immense avant, profonde satisfaction après…
Et puis, dans l’espace d’érotisme que détermine la relation acheteur-vendeur, on retrouve tellement du mélange d’âpreté, bonté, méchanceté, habileté des intrigues amoureuses…”
Ce jeu érotique, dans nos relations commerciales, est bien sûr asymétrique. Alors que l’air du temps est à casser les codes dans les relations sentimentales et à laisser s’exprimer toutes les subtilités des genres, la relation commerciale acheteur-vendeur reste obstinément polarisée. Mais alors, dans quel sens ?
Une asymétrie fondamentale
L’asymétrie n’est bien évidemment pas liée au genre des protagonistes. L’ère où le business se réglait exclusivement entre “hommes d’affaires” a vécu, et tant mieux ! La richesse des relations commerciales ne s’en porte que mieux.
L’asymétrie n’est pas dans le rapport de force. Tout dépend des jours, du contexte. Le jeu du dominant-dominé peut se retourner à tout moment. Influence, sens tactique, rebondissements : c’est le sel des négociations !
L’asymétrie n’est pas non plus dans la séduction. Lequel fera le premier pas ? Lequel mettra le plus de soin à sa désirabilité ? Tourbillon de la danse…
Non. L’asymétrie fondamentale de la relation se révèle dans le dénouement du jeu, avec le consentement et ses conséquences. Au bout du compte, l’un propose, l’autre dispose. A son insistant “Dis-moi oui !“, il oppose cent fois son “Non” avant de se risquer à un “Peut-être“, début d’une capitulation où pointe déjà le doute. Tiendra-t-il ses promesses ?…
Et le jeu ne s’arrête pas là. Ce n’est que le début d’une vie de couple à faire vivre dans la durée, au-delà de la lune de miel.
Le bon acheteur, comme le bon vendeur, se reconnaît à son art de mener ce jeu, et au plaisir qu’il y prend. La clé de l’excellence, au-delà de la compétence !