Ravage à la chaîne

L’attaque informatique sans précédent du mois dernier doit nous faire réfléchir à la vulnérabilité de nos outils numériques. Ce talon d’Achille technologique est certes un risque avéré, mais plus grave encore serait d’y voir une raison de s’accrocher au passé et de refuser le changement.

Il y a près de 75 ans, bien avant le numérique, René Barjavel avait imaginé dans « Ravage » notre dépendance électronique, puis la chute dans le chaos quand la machine s’enraye, avant de prôner un retour à la terre pour refonder la société. L’idée est plaisante : il faut garder la possibilité et le savoir-faire pour repasser à un fonctionnement manuel au besoin. Mais contrairement au roman, l’incident a été vite dépassé. Il nous a même aidé à progresser.

Toujours plus complexes et plus sophistiqués, nos systèmes ont vocation, si ce n’est déjà le cas, à surpasser l’homme en efficacité, en précision, en réactivité et en stabilité. Les chaînes logistiques en particulier bénéficient à plein des avancées technologiques du numérique, avec des gains spectaculaires.

Plus encore, comme pour la conduite automobile, l’humain est devenu le premier facteur de risque. Perception erronée, perte d’information, attention limitée, temps de réaction, panique et autres comportements irrationnels pénalisent la fiabilité de nos opérations. L’homme est devenu à tel point perturbant que sa mise à l’écart de la conduite du processus en améliore significativement les performances.

Certes, l’outil n’est pas encore autonome. Même la voiture commence tout juste à mériter son qualificatif d’«auto»-mobile. Il faudra pour quelque temps encore un pilote derrière le volant, prêt à reprendre la main à tout moment. Mais la logistique suit la même voie : chaque jour voit disparaître l’une après l’autre les tâches les plus rébarbatives, celles où l’homme est relégué à un rôle d’exécutant du système. Le pilotage s’apparente de plus en plus à une supervision, à la résolution des dysfonctionnements, des pannes et autres situations exceptionnelles.

Que nous restera-t-il demain ? Savoir où l’on va, et y aller ! Ce serait dommage de laisser un tel bijou dans le garage…

 
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