Albion, enfants de l’Apatrie !
Dès le petit matin du 24 juin dernier, les Britanniques ont réalisé l’ampleur du désastre: le BATNA* promis par les séparatistes se dégonflait à vue d’œil. Une telle impéritie, à la limite de l’enfantillage, est désolante autant qu’impardonnable à ce niveau.
Le Royaume-Uni va maintenant devoir vivre avec les conséquences de son referendum. Mais la négociation n’est peut-être pas perdue d’avance…
Dans l’immédiat, les dégâts sont déjà énormes. Après des décennies d’un subtil jeu d’équilibriste, Londres a perdu du jour au lendemain sa voix au chapitre bruxellois. A l’instar de la Suisse ou la Norvège, continuer à vivre ensemble imposera d’adopter l’acquis communautaire qui se forge désormais sans eux.
Pour la suite, les inconnues restent nombreuses, et bien malin qui pourrait prédire ce qui attend l’Europe dans les mois et années à venir. Néanmoins, avec la nomination de Theresa May et de son “Brexit Minister” David Davis, les choses commencent à se dessiner un peu plus clairement.
Pour l’heure, ce dernier fait mousser sa détermination. Les bravades se succèdent sur la scène médiatique britannique, qui ne sont pas sans rappeler le baroud d’honneur de Yannis Varoufakis en janvier 2015 : le Royaume-Uni est objectivement en position de faiblesse pour négocier, et devra passer sous les fourches caudines des 27.
En effet, politiquement, l’Union Européenne voudra prouver aux séparatistes en embuscade ce qu’il en coûte. Mais l’humiliation n’est pas une option pour autant: la commémoration en 2018 du centenaire du traité de Versailles devrait permettre d’éviter de reproduire les erreurs du passé.
En fin de compte, il n’est pas exclu que le Royaume-Uni gagne sur trois tableaux :
- Premièrement, le gagnant d’une négociation est généralement celui qui sait précisément ce qu’il veut. Qui de Bruxelles ou de Londres a les idées les plus claires sur ses objectifs ?
- Deuxièmement, l’Europe ne peut faire complètement abstraction de son voisin à la dérive (tel ce gérant au flegme improbable) et devra trouver un modus vivendi, au risque de se faire entraîner par le fond par le noyé.
- Enfin, quelle que soit l’issue de ces négociations, Londres ne pourra plus blâmer Bruxelles pour son sort, et devra faire face à ses problèmes sans se voiler la face. Ce sera douloureux, mais probablement salutaire.
Quant à l’Union Européenne, elle pourrait même être significativement moins entravée pour aller de l’avant : le cheval de Troies a été sorti des murs !
Alors, prêts pour un Win-Win ?
* BATNA : Best Alternative To A Negociated Agreement
Mon “premièrement” ne tient pas : à lire le UK Business Insider ou encore Jean Quatremer, Londres est loin d’avoir les idées claires…
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