Après le cuivre, l’aluminium

Blog achats, par des acheteurs, pour les acheteurs professionnelsConséquence inattendue de la crise financière de 2008, les grandes banques américaines dont Morgan Stanley et Goldman Sachs ont mis la main sur des stocks considérables matières premières, notamment des métaux. Depuis que la réserve fédérale américaine les a autorisés à prendre des participations non financières, ces géants de la finance se sont engouffrés dans la brèche, spéculent allègrement et organisent la pénurie.

Depuis début août, les actions en justice se multiplient à l’encontre des deux banques, ainsi que de Glencore et du LME (London Metal Exchange). Les sommes en jeu se chiffrent en milliards de dollars.

La spéculation moderne évoque immédiatement un univers de traders vivant dans une  économie virtualisée, ferraillant à coup d’algorithmes haute fréquence. C’est pourtant bien d’entrepôts physiques dont il s’agit dans cette énorme affaire.

Au mois d’avril dernier, le Wall Street Journal avait révélé les manœuvres de stockage du cuivre par Trafigura et Glencore : organiser la pénurie et retarder les livraisons pour  maintenir artificiellement les cours sur le LME.

En juillet, le New York Times détaillait à son tour comment Goldman Sachs organise la pénurie d’aluminium en stockant des quantités phénoménales de métal (un quart des quantités disponibles sur le marché).

Ces stocks, constitués par les banques à la demande du LME, sont sensés fluidifier le marché et lisser les à-coups de l’offre et la demande. Mais ce qui devait être un amortisseur s’est transformé en une captation de l’offre. Les délais de livraison ont explosé; les frais de stockage aussi pour le plus grand bénéfice des détenteurs de ces stocks (et du LME qui touche sa commission); enfin les cours du métal sont maintenus artificiellement hauts.

Il existe bien des règles interdisant de stocker indéfiniment les matières premières : les gestionnaires de stocks doivent expédier une quantité minimale chaque jour. Alors pour remplir leur obligation, ils livrent… un autre entrepôt. Ce sont ainsi près de 3 000 tonnes d’aluminium qui sont physiquement déplacées chaque jour, des dizaines de camions qui tournent, pour rien !

Il semble que la réserve fédérale s’apprête à changer les règles du jeu pour remettre un peu d’ordre dans tout cela. A suivre.

 
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